Actes du colloque Fortifier sa demeure du XVIe au XVIIIe siècle publiés par le CeCaB
Programme du Cinquième colloque international de Bellecroix « Fortifier sa demeure du XVIe au XVIIIe siècle »
La journée s'est achevée par une visite des fortifications de Bellecroix et un verre de l'amitié.
La journée s'est conclue par une visite du château de Chamilly dont Nicolas Faucherre assurait une présentation historique suivie d'un verre de l'amitié.
L'apparition de l'arme à feu dans la guerre de siège est fréquemment interprétée comme signant la fin de la fortification privée – le coût de la fortification bastionnée la réservant à la puissance publique. Les éléments de fortification de la demeure prendraient dès lors une dimension décorative et symbolique.
La communication vise à nuancer cette représentation : le coût d'emploi des grosses pièces d'artillerie en limite sérieusement l'usage contre de modestes objectifs comme les demeures privées, qui sont par contre menacées par divers modes de prise contre lesquels la fortification est toujours efficace et nécessaire. L'emploi de l'arme à feu par la défense n'a, dans ces contextes, rien de symbolique.
Au cours de nos recherches, nous avons transcrit intégralement les procès-verbaux des visites de feux enregistrés, de 1597 à 1599, dans l'Autunois et le Charolais, c'est-à-dire juste à la fin des guerres de religion. Après l'étude de ces documents, nous avons pu dresser un inventaire des châteaux, places fortes, églises fortifiées et autres lieux de garnison.
À la suite de quoi, un véritable travail d'enquête a été réalisé sur certains d'entre eux et sur les « chefs de guerre » qui s'y sont tristement illustrés durant cette période ravagée par la guerre et où la Bourgogne a perdu les trois quarts de sa population.
Du milieu du XVe siècle au milieu du suivant, le château d'Amboise fut transformé pour recevoir la cour et élever les enfants de la couronne, ce qui nécessitait des aménagements particuliers, possibles au prix de nouvelles fortifications. Le contexte changea du tout au tout après la conjuration d'Amboise en mars 1560. La forteresse-palais, désertée par la Couronne et laissée aux mains des chanoines de l'église Saint-Florentin, perdit tout caractère résidentiel, mais non son emplacement stratégique sur la Loire, idéal pour asseoir un fort.
Désormais, sans pour autant en faire une citadelle, les seuls travaux réalisés par le roi portèrent sur la fortification des accès, notamment l'ancestral front des Lions que l'on dota d'une demi lune et d'autres bastions restés inachevés. Nous présenterons ces ouvrages qui montrent l'application des traités de fortification du début du XVIIe siècle.
Comme ailleurs, les châteaux de cette région connaissent des destinées contradictoires à partir de la fin du Moyen Âge. Si certains disparaissent définitivement, d'autres sont adaptés à de nouvelles fonctions. Les constructions de novo s'intègrent également dans ces nouveaux programmes.
Rares sont les châteaux qui sont transformés en forteresse. La plupart restent ou redeviennent des résidences d'une noblesse ou bourgeoisie qui manifeste son entrée dans la modernité par un vocabulaire architectural qui donne une place toute symbolique aux questions de défense. On peut même parler d'un programme constructif en forme de « kit », qui se décline selon les capacités financières ou les conditions techniques d'un lieu à l'autre.
Ainsi, on privilégie le plan d'un logis régulier ou en équerre, avec un large fossé maçonné, des tours d'angle bien marquées mais en dérasant le donjon et en y adjoignant des bouches à feu symboliques. L'ancienne basse cour, enfin, est transformée en jardin d'agrément. Ces changements de perspective par rapport au château médiéval vont de pair avec l'abandon de l'essentiel des sites de montagne, le château de plaine ou même urbain reprenant ici la main.
Terre d'ancrage du protestantisme, la Saintonge a vécu l'une des pages les plus tourmentées de son histoire durant les guerres de religion. L'insécurité parfois chronique qui y règne ou les conflits de clans ont poussé nombre de petits seigneurs locaux à fortifier leurs demeures.
Il en résulte de nombreuses constructions de différents types, souvent méconnus, qui voient le jour à la fin la charnière des XVIe et XVIIe siècles, à une période de profonds bouleversements architecturaux, lorsque la tuile canal s'impose et entraîne de nouvelles symboliques nobiliaires.
La nécessité d'assurer la sécurité des campagnes, dont les possesseurs de seigneuries sont traditionnellement responsables, trouve des réponses diverses pendant la période des guerres de Religion dans les régions du Midi. Celles-ci avaient déjà été confrontées à ce problème pendant la guerre de Cent Ans. On y répondit pour partie avec la construction de « forts », ces refuges construits par les communautés villageoises, avec l'accord du seigneur. Des réduits qui vont d'ailleurs retrouver leur rôle dans la période qui nous occupe.
Cependant c'est la tour bastionnée qui constitue le trait majeur de l'adaptation des châteaux aux nouvelles exigences de la mise en défense. Une série bien documentée, concernant le Languedoc toulousain, permet une analyse détaillée du phénomène : des plans réguliers, des tours bastionnées, un flanquement assuré par des canonnières à la françaises et de simples bouches à feu, complètent les moyens traditionnels destinés à la défense. Ces châteaux neufs restent cependant l'exception car, dans le Sud-Ouest, la mise en défense passe par l'adjonction d'une ou de deux tours bastionnées aux châteaux existants.
Ce renouvellement de la physionomie des édifices concerne pour l'essentiel une catégorie nouvelle de commanditaires, liés à la chose publique ou à la conduite de la guerre et la défense des villes, qu'il est intéressant d'évoquer face aux maîtres d'œuvres eux-mêmes dont la culture et les compétences peuvent être, dans quelques cas, mises en évidence.
À part quelques exceptions, dont le fameux château de Portes (Gard), ces formules sont devenues obsolètes à la fin du siècle, comme les traités de fortifications (celui du chevalier Antoine de Ville en particulier) le rappellent, pour laisser place au château de plaisance sur plate-forme fossoyée, talutée et bastionnée.
Le 7 mai 1566, Antoine de Crussol, duc d'Uzès et comte de Tonnerre par son mariage avec Louise de Clermont, signait devant notaire avec Jehan Verdot, maçon, et Jehan Buchotte, charpentier, les marchés pour la construction du château de Maulnes (Yonne). Le texte, particulièrement détaillé, présente le projet d'un logis « que ledit seigneur entend faire construire et bastyr en sa forest de Maulne, sur la fontaine dudit Maulne ».
Mais l'image donnée par les marchés est loin des plans et de la vue à vol d'oiseau dressés par Jacques Androuet du Cerceau (1576), et plus éloignée encore de ce que l'étude archéologique menée entre 1998 et 2002, et publiée en 2004, a permis de mettre au jour et de comprendre. Cette distorsion renvoie également aux vicissitudes d'un chantier ambitieux en pleine guerre de Religion. L'ajout d'une tourelle défensive contre la pointe nord du pentagone, le lancement puis l'arrêt du chantier de construction des fortifications et bastions illustrent le destin de Maulnes.
Né de l'idée extravagante d'un commanditaire raffiné dans la paix fragile qui suit la première guerre de Religion, le chantier progresse et s'adapte tant aux idées nouvelles de confort qu'aux impératifs de défense d'un logis avec la reprise du conflit entre catholiques et protestants, avant d'être abandonné après la mort du duc en août 1573.
Pendant les guerres de Religion, le Périgord, territoire frontalier et passager, fut le théâtre des affrontements entre catholiques et protestants, entraînant la reconstruction et la remise en défense, parfois seulement dissuasive, de nombreux châteaux. Ce phénomène n'a toutefois pas freiné l'embellissement des demeures, qui furent parées d'un décor austère et symbolique.
À travers l'exemple périgourdin, nous souhaitons illustrer ce retour à la défense qui caractérise la seconde moitié du XVIe siècle, depuis les aménagements militaires et leur rôle symbolique aux programmes ornementaux.
Braies, fausse-braies, courtines concentriques, fossés en eau, plates-formes, terre-plein, canonnières, mâchicoulis sont autant de termes d'architecture qui renvoient à des réalités défensives parfois difficiles à cerner. Si l'on accepte généralement que ces organes aient une fonction militaire au XVe siècle, la lecture en est plus ambiguë au XVIe siècle. Soit que la parure fortifiée s'affichait par la référence aux modèles ou aux formes médiévales, soit que le château renaissant ait eu une véritable capacité militaire.
Aussi l'enquête cherchera-t-elle à croiser la réalité du vocabulaire dans les documents comptables ou les chroniques et de les confronter aux réalités architecturales, mais aussi à poser question sur la culture de guerre qui, au XVIe siècle, devait entraîner la noblesse (et en particulier la noblesse de robe) à récupérer à son profit les signes distinctifs de la fortification, comme mode d'ancrage de son lignage dans une tradition féodale.
Du XVIe au XVIIIe siècle, les parlementaires bourguignons ont constitué un groupe social qui se distinguait par sa grande richesse, mais aussi souvent pas sa culture. La plupart ont fait construire à Dijon des hôtels particuliers dans un goût moderne, savant et élégant. Mais ces familles étaient également, surtout à partir de la fin du XVIIe siècle, de grands propriétaires fonciers, qui ont acquis des seigneuries, et donc des châteaux.
En croisant les fiches de l'inventaire du centre de castellologie de Bourgogne, avec des données provenant d'études sur les familles et les fortunes de la noblesse de robe bourguignonne, on peut essayer de caractériser l'attitude de cette aristocratie par rapport aux fortifications privées. On s'aperçoit que les demeures défensives les plus originales et les plus abouties, du XVIe au XVIIIe siècle, étaient généralement des bâtiments aux mains de familles parlementaires.
Depuis Viollet-le-Duc qui, dans son dictionnaire raisonné d'architecture, nous rappelle que la pierre a remplacé le bois dans l'architecture du Moyen Âge, que ce soit dans la tour à motte ou quand le hourd cède plus tard sa place aux mâchicoulis, il est convenu aujourd'hui que cette vision un peu « simplificatrice » ne traduit pas la réalité.
Mais de là à imaginer que le bois, ce matériaux fragile et périssable, fût employé jusqu'au XVIIIe siècle et qu'il a survécu dans sa mise en œuvre au Moyen Âge pour être employé à la Renaissance et à l'Epoque Moderne… Nous montrerons par des exemples précis de la fortification française pourquoi la technique des superstructures en bois a continué à être utilisée et a traversé les époques et les modes comme l'eau sur les plumes d'un canard…
Les mutations techniques et sociologiques qui entraînent la mort du château fort médiéval conduisent au XVIe siècle à une formule de palazzo in fortezza à la française, soit le château résidence posé sur le château défense. Au cours des guerres de Religion et de la Fronde, dans les zones ligériennes de la pierre tendre, la formule consiste à utiliser le fossé comme basse-cour et comme base logistique dissimulée, desservant les équipements rupestres en contrescarpe.
Le point d'orgue de cette formule est à coup sûr le château de Brézé, remodelé de façon radicale par Urbain de Maillé-Brézé de 1617 à 1626, date où il va concentrer son activité sur son gouvernorat de Saumur.
À partir de 1561, les guerres de Religion désolèrent l'ensemble du territoire français ; le Perche, à l'instar de tant d'autres provinces françaises, en subit ravages et calamités. Ces conflits, sporadiques mais violents, ensanglantèrent le Perche jusqu'en 1598.
Dans ce contexte de guerre civile, le renforcement des défenses du manoir n'avait rien que de très logique. Depuis les années 1540, le tracé polygonal, le défilement de l'enceinte, le profil remparé et le bastion avaient démontré leur efficacité contre les boulets métalliques d'une artillerie toujours plus puissante. Pourtant, les avantages de ces fortifications « à la moderne » restèrent généralement inexploités au profit d'une résurrection de principes défensifs désuets.
Ce qui pourrait apparaître comme une inexplicable régression, posséderait-il un mérite quelconque ? Pourquoi ce courant néo-médiéval ne s'est-il développé que dans le Perche – et tout particulièrement autour de Bellême ?
Malgré son importance dans cette partie du Perche, où elle trouve une expressivité et une diffusion singulières, cette expression néo-médiévale est-elle perceptible sur le reste du territoire national ? L'originalité de ce parti architectural est sans doute à mettre à l'actif des frères Pierre et Mathurin de Fontenay, dont les personnalités fournissent nombre de clefs de lecture.
Le château du Lude, qui fait l'objet depuis plusieurs années d'une étude approfondie de la part du service de l'inventaire général du patrimoine, prend l'aspect général d'un superbe château Renaissance à mâchicoulis et lucarne, mais qui a en fait été très lourdement restauré au XIXe siècle.
Pourtant, les vestiges des deux premiers niveaux montre que le plan a été contraint par les substructions très complexes de plusieurs états antérieurs. Au XVIe et XVIIe siècle, les nouvelles tours sont en fait des excroissances circulaires du logis, maladroitement évidées, et qui prennent l'aspect de tour uniquement à cause de leur couverture tronconiques.
Les châteaux de Balleroy (à partir de 1631) et Maisons (à partir de 1633), construits par l'architecte François Mansart respectivement pour Jean de Choisy et René de Longueil, présentent un certain nombre de similitudes dont leur élévation sur une plate-forme bastionnée entourée de fossés secs. À Maisons, ce système de bastions et de fossés secs est aussi utilisé pour garder les issues du domaine. On craint alors moins les boulets que les rôdeurs ou les bêtes « fauves » et le fossé remplace avantageusement la muraille, libérant la vue sur une perspective organisée, tout en offrant un espace de circulation pour le service. Cependant, Mansart trace au niveau de la cour d'honneur des terrasses qui rappellent les courtines. Le château médiéval s'efface en élévation, mais pas en plan. Le vocabulaire reste militaire : le devis de terrassement de Balleroy mentionne l'escarpe et la contrescarpe ; des échauguettes ornent la face vers le pont d'accès.
Les fossés secs participent-ils à un système défensif ingénieux ou à la mise en valeur du bâtiment ? Quelle est la part de l'esthétique dans l'emploi d'éléments de fortification à Balleroy et Maisons? Le Versailles de Louis XIII présente les mêmes dispositions. Quelle est la véritable originalité de Mansart ?
Cette longue persistance a deux aspects :
S'il est bien une ancienne province de France où l'histoire de la fortification privée prend un tour singulier, il s'agit de la Normandie. À l'exclusion des sièges de baronnie et de châtellenie, qui sont relevées dès les années 1470-1480 avec des châtelets ou logis-portes, douves, pont-levis, tours et tourelles traditionnelles, la majorité des domaines nobles normands semblent être, pour ainsi dire, dépourvus d'éléments de défense : leur demeure se présente le plus souvent comme une « maison plate », sans fossés ni autres ouvrages défensifs. Les gentilshommes normands connaissaient peut-être trop la guerre qu'ils venaient de quitter pour croire encore à la possibilité de défendre leurs petits domaines campagnards par des moyens traditionnels. En contrepartie, dès 1495, la défense de ces demeures adopte un tour nouveau, plus civil dans ses formes et sa fonction, mais sans doute tout aussi efficace dans ce qu'elle devait évoquer aux hommes du XVIe siècle. Les motifs hérités de l'époque médiévale : mâchicoulis, murs crénelés, chemins de ronde, voient ainsi leur usage détourné à des fins esthétiques mais aussi plus récréatives.
Avec les guerres de Religion (1562-1598), la défense du « pourpris » des domaines normands connaît aussi un infléchissement majeur. Le manoir se refortifie au cours de cette période troublée. De nouvelles clôtures ferment désormais le manoir, qui est le plus souvent rebâti en partie ou entièrement à ce moment : le pourpris est défendu par de hauts murs de clôture, parfois crénelés ou bordés de fausses-braies, et par des tours, des tourelles ou des pavillons munis de nombreuses petites canonnières pour armes à feu légères. C'est aussi au cours de cette période qu'apparaît une formule plus simple, mais qui connaît un grand développement : les angles des enclos traités en forme de bastion. Généralement placés sur le chemin d'accès au manoir, ce motif architectural et militaire est utilisé dans beaucoup de manoirs où cette disposition, maintenant disparue, était encore visible au XVIIIe siècle – l'atlas Trudaine en conserve le souvenir. On observe aussi le détournement de bâtiments liés à une prérogative seigneuriale (chapelle, colombier) ou à d'autres fonctions (cuisine) comme éléments de défense. C'est cette histoire de la fortification seigneuriale, qui a connu de multiples rebondissements au cours du XVIe siècle, que je tâcherai d'évoquer, dans ses aspects matériels, techniques mais aussi esthétiques et symboliques.
En dépit de sa position face à l'Angleterre, la basse Normandie n'a pas connu, au milieu du XVIe siècle, de campagnes de fortification dans des demeures privées : si le pouvoir royal entreprit de renforcer les enceintes urbaines, les gentilshommes de la province ne dotèrent qu'exceptionnellement leurs châteaux de dispositifs de défense. Contrairement à celles élevées dans la seconde moitié du XVe siècle et dans les années 1500, les résidences seigneuriales bas-normandes construites à partir des années 1510 ne montrent en effet que rarement des éléments de fortifications : on n'en trouve même guère de traces dans les châteaux élevés dans les années 1560, époque à laquelle la province était pourtant agitée par les guerres de Religion. Il faut attendre les années 1570 et, plus encore, la décennie suivante, pour voir les éléments de fortification se multiplier : les gentilshommes bas-normands entreprirent alors de disposer des canonnières pour protéger l'approche, de donner aux pavillons un tracé bastionné et de creuser des fossés.
Ces entreprises furent toutefois rapidement interrompues et, dès les années 1600, les châteaux de la province furent de nouveau, pour l'essentiel, dépourvus de dispositifs de défense. On note toutefois dans les décennies suivantes un usage nouveau de ces éléments, et notamment des fossés, dans un but ostentatoire : héritiers de vieilles lignées et manieurs d'argent anoblis moyennant finance recoururent aux attributs militaires pour affirmer leur rang.
L'objectif est de comprendre, à travers ces deux exemples comtois, comment deux familles, pour des raisons assez similaires bien que l'une soit de très ancienne noblesse d'épée et l'autre issue d'une lignée de noblesse de robe, vont choisir de maintenir ou de recréer, pour des raisons symboliques et politiques, des signes médiévaux de féodalité dans leurs demeures à la campagne.
Ray-sur-Saône a été un puissant château médiéval (qui a pris la suite sans doute d'un oppidum antique) puis il a été en grande partie détruit pendant la guerre de Trente Ans. Depuis environ mille ans, cette demeure est transmise dans la famille, d'abord les Ray puis les Mérode et les Marmier.
Le château a ensuite été reconstruit, dans le premier quart du XVIIIe siècle, par l'architecte bisontin J.-P. Galezot sur un plan en fer à cheval, mais celui-ci a bien pris soin de conserver deux des puissantes tours de défenses médiévales du côté de la Saône, ainsi que certains éléments de l'ancienne enceinte médiévale (poterne, murs etc).
D'abord maison forte située sur un promontoire dominant l'Ognon, Moncley a fait l'objet d'une vaste et ambitieuse reconstruction au seuil de la Révolution française pour F.-F.-B. Terrier de Santans, président au Parlement de Franche-Comté par l'un des plus talentueux architectes néo-classiques local, C.-J.-A. Bertrand.
Villégiature estivale destinée à accueillir le propriétaire et sa famille mais également de nombreux invités, ce château neuf a été conçu de manière à rappeler, par différents détails architecturaux, une demeure féodale, bien que l'ensemble soit plutôt néo-palladien et néo-classique.
Tous les historiens de l'architecture classique ont été confrontés à la survivance de formes héritées du Moyen Âge et de l'art de se défendre : fossés secs ou en eau, tours et donjons, talus et bastions...
Qu'il s'agisse d'architecture civile ou d'aménagement de l'espace urbain, voire des jardins, la survie des formes de la poliorcétique est une donnée qui ne peut se résumer à l'anecdote et mérite d'être relue à l'aune des représentations, des conservatismes, mais encore, paradoxalement, de la question de l'harmonie.