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C'est dans la chapelle de la Commanderie de Bellecroix que se tenait cette année le colloque du CeCaB
De g. à d. : Vincent Tabbagh, Michel Picard, Delphine Gauthier, Michel Maerten, Hervé Mouillebouche
Le colloque a été inauguré par Monsieur le maire de Chagny, Michel Picard, en présence de Delphine Gauthier, propriétaire du château de Bellecroix et présidente d'honneur du CeCaB, Michel Maerten, président du CeCaB, Vincent Tabbagh et Hervé Mouillebouche assurant l'animation du colloque.
Patrick Defontaine
Doctorant à l'Université de Dijon
De la clôture fortifiée, au donjon, au manoir : les prieurés châteaux en Bresse, Mâconnais et Forez
La clôture est un élément constitutif de la vie monastique et canoniale. La clôture indique d'abord un fait juridique, l'interdiction pour les étrangers d'accéder à certains bâtiments réservés aux religieux et l'interdiction pour les religieux de sortir de ces bâtiments.
Dans les débuts de la vie monastique grandmontaine, la matérialisation physique de cette clôture prend la forme d'aménagements d'une haie arbustive autour du domaine de la communauté. On retrouve cette haie au XVIIe siècle au prieuré d'Époisses (canton de Genlis à 12 km de Dijon). Des ermites aux faibles moyens utilisent des murs d'enceinte préexistants comme celui d'un « camp romain ». C'est le cas vérifiable à cinq km du lieu du colloque de Bellecroix sur la commune de Bouzeron. Ce « camp romain » comporte des murailles entourant un vaste périmètre ovoïde à flanc de colline et n'autorise le passage dans un sens ou dans l'autre que par une porte assez étroite et facilement contrôlable. Ces ermites de Bouzeron relevaient de Saint-Marcel-lès-Chalon qui avaient reçu donation du lieu par Charles le Chauve.
Cette séparation de principe entre le monde du monastère et le monde de la société laïque va prendre rapidement par endroits une orientation castrale, en fonction d'un contexte local variable. Le mur de clôture prendra l'aspect de murailles et à différents éléments d'une véritable défense guerrière.
On y trouvera des donjons et des castra, ailleurs on trouvera l'affirmation d'un pouvoir sur un territoire et une population, ce sont les castella. Puis les prieurs édifieront des résidences ostentatoires et confortables, ce sont les manoirs.
C'est cette réalité que je vais illustrer de façon non exhaustive dans les trois zones communiquant entre elles de la Bresse, du Forez et du Mâconnais. Pour comprendre l'ampleur du sujet, il faut savoir que le Mâconnais comporte 47 prieurés clunisiens dont 20 sont fortifiés parmi lesquels j'en ai choisi 7 (Lourdon, Boutavent, Mazille, Berzé-La-Ville, Saint-Hippolyte, Bezornay, Ecussoles). Tournus se distingue localement dans le même Mâconnais par 21 prieurés dont 8 sont fortifiés et je n'en présenterai que 3 (Uchizy, Plottes, Leynes). Dans la zone urbaine de Mâcon j'évoquerai le massif fortifié de Saint-Pierre de Mâcon. Je terminerai par la tour Grandmontaine de la Barberandière et le manoir cistercien dépendant de la Ferté à Neuilly-Cersot. Ma présentation se limitera à 3 prieurés pour la Bresse (Préty, Brienne, Longchamp) et 3 prieurés pour le Forez (Saint-Romain-du-Puy, Saint-Maurice-sur-Loire, Pommiers). Le lien seigneurial et guerrier entre ces trois territoires est constitué par le sire de Beaujeu qui est reconnu vassal de l'évêque de Mâcon, de l'abbé de Cluny ou du duc de Bourgogne.
Sylvie Balcon* et Walter Berry**
*Maître de conférences en archéologie médiévale à l'Université de Paris IV
**Archéologue, UMR 5594 ArteHis
Recherches en cours sur les fortifications du prieuré de Mesvres
L'ancien prieuré Saint-Martin de Mesvres (Saône-et-Loire) est cité en 843 dans une charte de Charles le Chauve. À cette époque, il relevait de l'église d'Autun. Il passe sous contrôle clunisien en 994. Au début du XIXe siècle, le complexe monastique est transformé en exploitation agricole. Malgré des modifications dues à ce changement de fonction, les bâtiments du prieuré sont particulièrement bien conservés.
L'étude archéologique des élévations, en cours de réalisation, a permis de montrer la subsistance de vestiges parfois fort anciens appartenant à l'église prieurale qui se développait au nord du site. Au sud, prend place un grand bâtiment rectangulaire qui correspond probablement au réfectoire. Il abrite de nombreux témoignages d'un décor peint de belle facture daté du milieu du XIIIe siècle. Au XVe siècle, le mur méridional est doté de grandes fenêtres à meneaux.
C'est vraisemblablement aussi à cette époque qu'est restructuré le grand édifice qui occupe le côté ouest du prieuré, avec le percement d'archères canonnières sur sa face occidentale qui procède peut-être du remaniement d'une phase plus ancienne. Ce caractère défensif du site était renforcé à l'ouest et probablement au sud par un large fossé en eau mis en évidence par de récentes campagnes de prospection géophysique. En outre, deux, voire trois tours, ponctuaient ce bâtiment occidental. Des vestiges d'une autre tour plus modeste ont été observés à l'est du bâtiment sud.
Toutes ces données en cours d'analyse seront présentées, de même que l'étude des plans et cadastres anciens qui informe sur les limites du prieuré.
René-Pierre Lehner
Archéologue des bâtiments
L'abbaye de Cluny joue des tours…
La différenciation du statut d'un château d'avec celui d'un établissement religieux, tel un prieuré ou une abbaye, semble à priori assez aisée, tout au moins à un moment donné de leur existence.
Cependant, dans tous ces édifices, certains éléments des constructions peuvent adopter un vocabulaire architectural commun. Les murailles, les tours et autres éléments fortifiés des établissements religieux sont les éléments qui évoquent le plus le château.
À l'abbaye de Cluny, avec ou sans incidence sur le bâti, la fonction et l'usage des tours d'enceinte évoluent dans le temps. Cette quatrième dimension (le temps) doit être particulièrement prise en compte lors de l'analyse tridimensionnelle des constructions.
On observera que l'évolution du bâti dans le temps peut être plus complexe qu'on ne l'a cru. Certains éléments de construction peuvent être datés plus tardivement que généralement admis. Il en va ainsi à la tour Fabri dont une phase, en réalité très probablement du début du XVIe siècle modifie la fonction première.
À l'opposé, la tour dite des Fèves ou des Fromages est communément datée pas avant le XIe siècle pour la partie considérée comme la plus ancienne. On observera que cette dernière est vraisemblablement plus complexe et rien ne s'oppose à une datation antérieure de la base. Dans ce cas, l'aspect et la fonction de la première construction laisse place à bien des conjectures.
Ilídio Silva
Architecte et doctorant à l'Université de Minho
Entre la ville de l'homme et la cité de Dieu : fortifications et métaphores architecturales des chanoines réguliers de Saint-Augustin au Portugal.
Les Chanoines Réguliers de Saint-Augustin ont été fondés au Portugal, à Coimbra (à cette époque, la capitale d'un comté prêt à de se rendre indépendant) par la sécession du chapitre épiscopal te comme reflet du fort mouvement canonial qui accompagne la réforme grégorienne. Opérant et érudit (l'appel de GrégoireVII était la conquête et pas la fuite du monde – en contraste à l'isolement contemplatif monastique) et dès l'origine soutenu par le futur roi du Portugal, le monastère de Santa Cruz a très rapidement reçu de nombreuses adhésions et a fondé stratégiquement de nouvelles et imposantes maisons.
Bras diplomatique aux démarches pour la reconnaissance du nouveau royaume par la papauté, chancellerie et trésorerie du roi et colonisateur interne, l'institution Cruzienne a bâti quelques uns des édifices les plus remarquables et originaux de l'art roman portugais.
Le monastère fondateur de Coimbra, et quelques uns de ses plus importants successeurs, s'installent dans des emplacements proches mais extérieurs aux murs des villes, formant des ensembles muraillés séparés, dont le sanctuaire était précédé d'imposantes tours-porches.
Ainsi, ces monastères se présentaient comme un miroir de la ville de l'homme, qu'il avait en face, et un reflet de la Civitas Dei. La tour, particulièrement, axis mundi mystique entre la Terre et le Ciel, en même temps qu'icône des donjons, urbains ou seigneuriaux, est un signe qui identifie un discours qui veut transmettre la métaphore religieuse tout autant qu'exprimer le pouvoir terrestre. Le fait qu'elle se présente comme volume unique et non dédoublé par rapport au portal des églises, indique sa proximité avec les modèles de fortification romans (au Portugal particulièrement), caractérisés par la tour individualisé, au centre d'une ceinture muraillé ou isolées.
On retrouve, certes, des prototypes internationaux qui sont été suivis ici, notamment bourguignons et clunisiens. Au delà du rayonnement artistique de Cluny au XIIe siècle, faut qu'on se souvienne aussi que la première dynastie portugaise était d'origine bourguignonne et avait des liens familiaux avec l'abbé Hugues de Semur. En plus, le monastère de Santa Cruz va s'affilier spirituellement à l'Ordre de Saint-Ruff d'Avignon, et ses liens proches à la curie papale vont rendre nécessaires de nombreux voyages qui toucheront au Languedoc et à la Provence, où le type des tours-porches était fréquent (en commençant par Saint-Bertrand-de-Comminges, et jusqu'à la cathédrale d'Avignon). Les bâtiments Cruziens dont je parle – pour la plupart et en ces cas les plus retentissants – n'existent malheureusement plus, mais les fouilles archéologiques, les images et descriptions anciennes, nous permettent de croire qu'ils remplissaient l'amplitude de la variation entre un paradigme proche de ce qu'on voit à Fleury, dans le Loiret (comme c'était le cas à Santa Cruz) et à Moissac (comme on trouvait à S. Vicente, à Lisbonne). C'est-à-dire, entre un avant-corps plus ouvert, illustrant par ces triples ouvertures à chaque élévation la description de la Jérusalem céleste de l'Apocalypse, et un volume plutôt massif, desservi par des entrées uniques, d'une «forteresse des fidèles».
Finalement, en certains cas (à Coimbra, à Vila Nova de Muía), il semble qu'on retrouvait la présence simultanée des deux types et des deux significations au même monastère: une tour-narthex à l'entrée du sanctuaire, e une tour seigneuriale tournée vers les terrains agricoles.
Philippe Racinet
Professeur d'histoire médiévale à l'Université de Picardie
De l'insertion au voisinage, étude des relations entre prieuré et château dans la moitié nord de la France (XIe-XIIIe siècle)
Les relations peuvent être :
- topographiques : prieuré dans un château ou château dans un prieuré (intégration) ;
- hiérarchiques ou politiques : prieuré comme vitrine du château, prieuré contre château ou prieuré voisin d'un château (voisinage) ;
- fonction d'une évolution, dans les cas d'absorption et de réutilisation qui, théoriquement, peut fonctionner dans les deux sens (absorption ou/et réutilisation).
Ces trois types de rapport seront la trame de notre développement fondé sur l'étude de cas situés dans la moitié nord de la France et majoritairement clunisien.
La typologie esquissée sera soumise à l'épreuve des comptages avec le fichier des prieurés clunisiens de la province de France. Sur 177 notices, 53 sont concernées, de près ou de loin, par le fait castral, soit 30%. On note 12 prieurés dépendant de Saint-Martin-des-Champs et 12 maisons de La Charité-sur-Loire, ce qui signifie que les filiations ne sont pas un facteur discriminant.
Parmi les 53 notices positives, 39 (73,6%) peuvent être rangées dans la catégorie « voisinage ». Ce sont des prieurés de tous types. Certains voisinages sont seulement factuels, donc sans conséquence. D'autres concernent un bourg castral et constituent donc autant de cas particuliers, qu'il faudrait mieux analyser par le biais d'une solide étude de topographie urbaine.
10 notices (18,9%) relèvent du cas de figure « intégration ». Les prieurés en question sont souvent des fondations liées à des comtes et succèdent généralement à une collégiale. Ce cas constitue donc majoritairement un héritage.
4 notices (7,5%) font partie de la catégorie « absorption » ou « réutilisation ». Mais, en général, ce mouvement est précédé par l'intégration, avec les mêmes caractéristiques (présence comtale, ancienne collégiale). On le voit, la théorie est dépassée par la réalité, ce qui oblige à la prudence.
Nous pouvons faire au moins quatre remarques générales.
1. Les situations héritées sont nombreuses, en particulier avec des collégiales à l'origine.
2. Les cas évoqués d'une manière théorique peuvent évoluer : une intégration originelle peut se transformer en une absorption ; c'est du reste un peu logique.
3. Y a-t-il des congrégations plus sensibles au phénomène castral ? Pour Marmoutier, l'idée répandue d'une relation privilégiée avec le monde de l'aristocratie laïque ne se traduit pas obligatoirement dans la géographie de son implantation : sur les sept prieurés des diocèses de Beauvais et d'Amiens, seuls deux, Auneuil et Maintenay, sont installés à proximité du château de la seigneurie.
4. Les rapports entre château laïque et prieuré, et leur évolution, sont bien entendu conditionnés par la possession du sol.
Jean-Bernard de Vaivre
Correspondant de l'Institut
Président de la Société de l'histoire et du patrimoine de l'Ordre de Malte
La commanderie de Bellecroix : Présentation et visite
François Gentili
Archéologue INRAP
Au coeur du village de Villiers-le-Bel (Val-d'Oise). Église, prieuré, hôtel seigneurial et habitat paysan. Premiers résultats des fouilles préventives 2004-2011
Depuis 2004, une série de diagnostics et de fouilles préventives ont porté sur le coeur ancien de Villiers-le-Bel (Val-d'Oise), mettant en évidence deux pôles d'occupation distants de plusieurs centaines de mètres dès la période carolingienne.
Un premier pôle présente une stabilité d'occupation du IXe au XIIe siècles, habitat sur poteaux plantés, fonds de cabanes , murs de plâtre sur clayonnage, les changements dans l'organisation et les techniques de constructions apparaissant au XIIIe siècle avec l'apparition d'un habitat en dur associé à des caves.
L'autre pôle se situe autour de l'église Saint-Didier, sur une légère éminence.
Plusieurs fouilles effectuées dans l'église actuelle (2005), construite au début du XIIIe siècle, ont permis de découvrir un cimetière du haut Moyen Âge mais pas de traces d'édifice antérieur.
Une autre fouille préventive, effectuée sur une vaste parcelle attenante à l'église a permis de découvrir les vestiges d'un prieuré associé à une édifice cultuel du XIIe siècle jouxtant un habitat seigneurial entourés de fossés défensifs (XI-XIIIe siècles).
Ces vestiges font suite à un habitat du haut Moyen Âge et à une nécropole et à un cimetière qui perdure jusqu'au XIIe siècle.
Ces opérations permettent de comprendre sur la longue durée l'évolution respective de ces différentes composantes du villages et plus précisément l'interaction au sein d'une parcelle restreinte entre les espaces religieux, funéraires et seigneuriaux.
François Blary
Maître de conférences en archéologie et histoire médiévale à l'Université de Picardie
Fortifications et établissements cisterciens XIIIe-XVe s.
L'étude des domaines et des abbayes cisterciennes que nous avons entreprise au sein de l'Université de Picardie fournit de nouvelles données concernant la mise en oeuvre d'éléments défensifs dans le programme de restructuration architecturale amorcée au début du XIIIe siècle dans l'ensemble de ces monastères. Si l'on a déjà beaucoup écrit sur les granges cisterciennes - définies dès 1119, comme des exploitations agricoles dépendantes d'une abbaye - on s'est surtout employé à insister sur l'originalité de cette institution fondamentale de l'économie de l'Ordre et sur les espaces qu'elles ont générés. Agissant en contrepoint, cette communication cherche à mettre en lumière un des aspects méconnus des établissements cisterciens : la fortification des structures, oscillant entre symbolique et réelle efficacité défensive.
Cet essai n'a d'autre ambition que d'être une mise au point provisoire et de fournir des bases archéologiques renouvelées pour la réflexion. L'examen des faits matériels demeure encore difficile à embrasser de manière globale, compte tenu des quelques six à sept mille granges que l'Ordre a pu générer et de l'état de la recherche pour lesquelles le recensement, l'identification et même la cartographie restent encore largement à effectuer…
Guillaume Grillon
Doctorant à l'Université de Dijon
L'inhumation au prieuré : une pratique seigneuriale rapidement dépassée. Étude de cas au sein de la Bourgogne ducale (XIIIe-XVe s.)
La quête du Salut qui régit toute la vie de l'homme médiéval trouve son aboutissement dans le choix du lieu de sépulture. Parallèlement à l'installation des cimetières autour des églises, certains fidèles veulent plus. L'inhumation ad ecclesiam apparaît comme l'ultime chance de s'assurer le repos de l'âme. Au même titre que n'importe quelle église, le prieuré est susceptible d'abriter la dépouille de tout défunt qui en ferait la demande, appuyée bien entendu par un généreux don. Son implantation presque exclusivement rurale fait que l'aristocratie féodale est la plus à même à bénéficier de la quiétude et de la piété du lieu.
L'étude de l'inhumation priorale à l'échelle de la Bourgogne ducale permet de confirmer que ce sont majoritairement les châtelains en lien avec le prieuré qui font le choix d'y reposer. Très souvent, les inhumations dans l'église priorale revêtent un caractère familial. C'est le cas à Til-Châtel et à Bonvaux où ne sont inhumés que les membres de la famille fondatrice. C'est quelque peu différent à Lancharre ou au Val Saint-Benoît puisque ces prieurés concentrent surtout les sépultures des familles seigneuriales des environs qui ne sont poas toujours celles qui ont favorisé l'installation de la communauté.
Charles Kraemer
Ingénieur de recherches à l'Université de Nancy 2
Châteaux et prieuérs de l'espace lorrain : relations historiques et topographiques
Gérard Danet
Historien du patrimoine, doctorant CESR
Le château et l'abbaye de Léhon en Bretagne (Côtes-d'Armor)
En Bretagne, les ducs et les grands feudataires bretons ont souvent aménagé leur territoire en s'appuyant sur l'Église. Situé aux portes de Dinan, dans une boucle de la Rance, là où la rivière formait un gué traversé dès l'Antiquité, le site de Léhon a été préservé d'une destruction promise aux lendemains de la Révolution.
Reconstruit en pierre au cours de la seconde moitié du XIIIe siècle sur la Montagne, motte naturelle, le château de Léhon paraît déjà abandonné aux lendemains de la guerre de Succession au profit du château et ville de Dinan. Jamais adapté à l'artillerie à feu, il conserve plusieurs tours percées sur deux niveaux de longues archères, avec ou sans plongée.
À la fin du XIIe siècle, des moines venus de Saint-Malgoire à Paris s'installent, eux, au pied du château, les pieds dans l'eau. Si par l'ampleur et la qualité des constructions le rang d'abbaye ne peut leur être contesté, sans abbé, Léhon est réduit au titre de prieuré.
Avec les abbayes de Lanvaux (Morbihan) et de Lanténac (Côtes-d'Armor), Léhon illustre cette concomitance entre l'implantation d'une fortification seigneuriale voire ducale et la fondation d'une communauté religieuse.
Vincent Tabbagh
Professeur d'histoire médiévale à l'Université de Dijon
La mise en place des châteaux et des établissements ecclésiastiques en Bourgogne : esquisse d'un modèle de relations
Michel Bur
Professeur émérite à l'Université de Nancy 2
Membre de l'Institut
Conclusions